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Des poches d'eau non
acide sur Mars
La découverte –tant attendue- de carbonates sur
Mars attesterait de l’existence, dans le passé de
la planète rouge, de poches d’eau où
les conditions étaient favorables à la vie.
Cependant ces minéraux n’apportent pas la preuve
de l’existence d’un ancien océan.
Les
carbonates sont visibles en vert sur cette image obtenue par MRO dans
la région de Nili Fossae. (NASA/JPL/JHUAPL/MSSS/Brown
University)
Depuis le temps qu’on en cherche, mobilisant les sondes
envoyées en orbite autour de Mars, mettant à
contribution les robots roulant sur sa surface… On a enfin
trouvé une quantité significative de carbonates
sur Mars ! Ces minéraux se forment en présence
d’eau, lorsqu’elle réagit avec le CO2
atmosphérique et un élément chimique
(comme le calcium, le fer ou le magnésium). Autant dire que
ces carbonates sont une signature très recherchée
de la présence ancienne d’eau -une eau pas acide.
L’étude publiée aujourd’hui
dans la revue Science, annonçant la découverte de
carbonates sur des affleurements rocheux de la région de
Nili Fossae, n’est pas la première
détection de carbonates sur Mars. Il y a cinq ans des
carbonates avaient été
détectés en très petites
quantités dans des poussières martiennes. Le
robot Phoenix en a récemment trouvé, selon la
Nasa.
Un faisceau d’indices avait fait naître
l’espoir de découvrir de grandes
étendues de carbonates qui auraient
témoigné de la présence, dans le
passé, de vastes océans martiens. A une
époque où le climat martien aurait
été plus chaud, grâce à une
atmosphère plus riche en CO2.
Même s’ils sont très riches
d’enseignements sur l’histoire climatique de Mars,
les carbonates découverts grâce à
l’un des instruments de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter,
ne suffisent pas pour valider ce scénario. Bethany Ehlmann
(Brown University, Providence, USA) et ses collègues ont mis
en évidence une zone d’environ 10 km2 dans la
région de Nili Fossae et d’autres
dépôts plus petits.
Cela ressemblerait donc davantage à des poches
d’eau où les carbonates on pu se former
plutôt qu’à la signature d’un
ancien océan. Un autre scénario supposait que les
eaux devenues acides à une certaines période de
l’histoire de Mars aient dissous les carbonates. Cette
découverte montre que l’ensemble de la
planète n’aurait pas subi cette acidité
et que des zones d’eau au pH neutre auraient
subsisté.
Sur la Terre, une énorme quantité de CO2
d’origine atmosphérique est
piégée dans les carbonates. Rien de comparable
n’est pour l’instant observé sur Mars.
Même s’ils étaient
libérés dans l’atmosphère
martienne, les carbonates découverts ne bouleverseraient pas
le climat…
Tout cela forme un tableau complexe du passé climatique de
Mars qui n’est finalement pas surprenant, sachant que
l’axe de la planète rouge varie davantage que
celui de la Terre, modifiant périodiquement la
façon dont les rayons du Soleil bombardent sa surface.
Cécile Dumas
Sciences-et-Avenir.com
19/12/08
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