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La
qualité de l’eau potable en Europe est soumise
à 63 paramètres depuis 2007. Ces
paramètres étaient de six à la fin du
XIXe siècle..
Les teneurs maximales recommandées et autorisées
en plomb dans l’eau ont plusieurs fois
été revues à la baisse en raison de la
persistance d'une plombémie, et dans certaines
régions (en présence d'eau naturellement acide et
déminéralisée) de cas de saturnismes
dans les réseaux à tuyaux de plomb (les normes
européennes visent à diviser par 5 le taux de
plomb de l'eau du robinet d’ici 2013).
La dernière directive européenne exige des normes
appliquées non plus seulement aux captages, et sur le
réseau public de distribution d’eau, mais
également aux robinets.
Les normes décrivant la qualité des eaux de
surface, ou souterraines, douces ou marines (eaux de baignade ou de
conchyliculture) s'appuient sur un nombre réduit de
paramètres, mais évoluent dans le sens d'une plus
grande exigence pour les nitrates mais aussi pour d'autres
paramètres. À titre d'exemple, si la
qualité des eaux des plages françaises ne
s'améliore pas de 2007 à 2015, une plage sur 5
sera déclassée en France et 33 interdites au
public.
LA
QUALITÉ DE L'EAU DE PLUIE
Les nappes souterraines et les rivières dans lesquelles est
prélevée l'eau destinée à
la fabrication
d'eau potable ont une même origine : les
précipitations
atmosphériques constituées en France à
93% d'eau
de pluie. Bien qu'évidente, cette affirmation n'a pas
été analysée dans toutes ses
conséquences,
et les analyses de l'eau de pluie, dite aussi « eau
météorite » sont récentes et
encore rares.
Toute la gestion de l'eau (accès à la ressource,
traitement, distribution, évacuation et assainissement des
eaux
usées ...), s'est organisée en faisant
abstraction de la
qualité de l'eau originale,
considérée, presque
par postulat, comme étant de très bonne
qualité.
Les récentes études montrent qu'il n'en est rien.
Nous
avons la pluie que notre société fabrique. Et sa
qualité n'est pas bonne.
On observera toutefois qu'il n'existe pas de véritable norme
de
qualité de l'eau de pluie. Il est d'usage de se rapprocher
des
normes appliquées pour l'eau potable. Une eau
polluée au
départ ne peut qu'entraîner une eau
polluée
à l'arrivée, en rivière et dans les
nappes. Par
ailleurs, si l'homme ne boit pas l'eau de pluie, les animaux la boivent.
En France métropolitaine, en arrivant au sol, l'eau de pluie
s'évapore (à 61%), s'infiltre (à 23%)
ou ruisselle
(à 16%) et rejoint les cours d'eau. La
température et la
nature du sol vont déterminer la part respective de chaque
processus. L'importance du ruissellement est une variable
déterminante car au cours de son parcours au sol, l'eau se
charge de divers résidus et polluants, qui vont transformer
sa
composition. L'analyse de l'eau météorite doit
être
complétée par celle de l'eau
récupérée. On distingue en
général
les deux par des appellations distinctes : l'eau de pluie est dite
aussi « eau météorite »,
tandis que l'eau
récupérée par ruissellement est dite
« eau
pluviale ».
La
composition moyenne de l'eau de pluie en France
Il n'existe pas de norme de qualité de l'eau de pluie. Les
analyses reprennent les paramètres utilisés pour
l'eau
potable. L'eau de pluie naturelle est acide (pH 5). Elle contient en
plus ou moins grande quantité, des sulfates, du sodium, du
calcium, de l'ammonium, et même des nitrates. Les pesticides
n'ont été mesurés par ce
réseau qu'à
partir de 2002, mais d'autres études
dédiées aux
pesticides confirmeraient la présence, parfois importante,
de
pesticides dans les eaux de pluie (5(*)). Les différents
paramètres analysés sont
présentés en
annexe.
L'évolution
dans le temps
Sur les dix dernières années, les
caractéristiques
de l'eau de pluie sont relativement stables, en moyenne annuelle. On
note toutefois quatre évolutions significatives :
- la baisse de la présence de sulfates, surtout
marquée
au cours des années 80, lors de l'abandon des centrales
thermiques et leur remplacement par des centrales
nucléaires. Ce
paramètre est essentiel dans la détermination de
l'acidité de l'eau
- la baisse de l'ammonium. Le gaz ammoniac se transforme en ammonium au
contact de l'eau.
- la hausse tendancielle de la présence de nitrates avec
retombées de 180 mg/m2 et par an en moyenne en 1990-1991,
296
mg/m2 en moyenne, dix ans plus tard, 1999-2000, soit 0,3 mg/litre d'eau
de pluie.
- la stabilité, en moyenne annuelle, marque des
différences considérables selon les mois.
L'acidité est l'un des principaux paramètres de
mesure de
la qualité de l'eau. C'est par l'acidité que
l'eau
dissout, corrode les toitures, attaque les minéraux et remet
en
solution (c'est-à-dire mélange aux liquides) des
éléments solides. Dans un même lieu,
l'acidité peut ainsi varier entre 3,8 (eau très
agressive) à 7 (eau neutre). L'écart est encore
plus
important quand on le mesure entre plusieurs sites.
Les
différences régionales
Les différences régionales sont liées
pour
l'essentiel à la proximité de la
façade atlantique
et au voisinage des zones industrielles car les retombées
atmosphériques s'accumulent par temps sec et sont
entraînées avec la pluie :
- le Nord-Est est fortement exposé aux pluies acides. Mais
les
maxima peuvent être atteints dans d'autres
régions. Les
écarts entre départements peuvent être
considérables : entre un pH de 7,8 mesuré dans le
département des Alpes-Maritimes, et un pH de 3,8, soit une
eau
très acide, dans le département de
l'Ardèche.
- les départements et régions qui
reçoivent le
plus de pluies acides sont aussi ceux qui reçoivent le plus
de
soufre et de nitrates.
- les régions océaniques ont une pluie
naturellement
chargée en chlorures, en potassium, calcium,
magnésium et
sodium (jusqu'à 100 kg/hectare et par an). Sur le littoral
atlantique, les pluies contiennent plus de 10 mg de chlorures par
litre. Cette teneur décroît progressivement, mais
l'influence naturelle maritime se fait encore sentir jusqu'à
100
km à l'intérieur des terres. Après 100
km, la
teneur en chlorures ne dépasse pas 2,5 mg par litre.
Elles découlent de travaux scientifiques,
appuyés sur des expériences,
généralement sur l'animal, ou
découlant de données
épidémiologiques, définissant des
doses maximales admissibles (DMA) ou tolérables (DMT)
(journalières, hebdomadaires...).
Il s'agit de la quantité de telle ou telle substance qu'un
individu est réputé pouvoir absorber sans danger
quotidiennement tout au long de sa vie.
Sur la base de comportements moyens, la quantité maximale
apportée par l'eau est calculée, et on y ajoute
une marge de sécurité (car on peut être
exposé à des pics, et les enfants ou certaines
personnes sont plus sensibles aux toxiques éventuellement
présents dans l'eau).
L'eau
de pluie est-elle potable ?
Le décret 2001-1220 de 2001 fixant les critères
de
potabilité distingue les «
références de
qualité » ou valeurs limites applicables
à l'eau
distribuée et les valeurs limites -valeurs guides ou valeurs
impératives- des eaux destinées à la
production
d'eau pour la consommation humaine.
Une eau potable et/ou une eau destinée à la
fabrication
d'eau potable doit respecter 48 paramètres parmi lesquels on
compte 6 des 9 paramètres suivis dans l'eau potable (le
potassium, ainsi que le calcium et le magnésium, qui
déterminent la dureté de l'eau, sont suivis dans
l'eau de
pluie mais ne figurent pas parmi la réglementation de l'eau
potable). En appliquant la grille d'analyse de l'eau potable
à
l'eau de pluie, on constate que les valeurs limites applicables
à l'eau potable sont souvent dépassées
sur deux
paramètres : l'acidité (pH) très
supérieure
à la limite de potabilisation, et l'ammonium. En d'autres
termes, si une part de l'eau de pluie peut être consommable
en
l'état dans certaines régions. Dans de nombreuses
autres
régions françaises, l'eau de pluie est trop acide
et trop
chargée d'ammonium pour être classée
parmi les eaux
susceptibles d'être utilisées pour la production
d'eau
potable.
En outre, les premières analyses sur les pesticides
révèlent que les concentrations peuvent
être
parfois supérieures aux seuils autorisés pour
l'eau
potable (0,1 microgramme par litre - 0,1 ug/l - 1 ug = 1
millionième de gramme). Une analyse d'eau de pluie en
Bretagne a
même enregistré un niveau de 24 ug par litre soit
240 fois
le seuil limite autorisé pour l'eau potable. Un
réseau de
surveillance spécifique serait à mettre en place.
Les dépassements, en moyenne annuelle, sont cependant
mineurs et
par conséquent, il se peut que localement et à
certains
moments, l'eau de pluie respecte les critères de
potabilité ou de potabilisation.
Il n'y a donc pas de conclusion simple sur la potabilité des
eaux de pluie tant il existe de variations régionales et de
variations temporelles. Néanmoins, le gisement eau de pluie
mériterait une attention plus grande de la part des pouvoirs
publics, en particulier pour l'alimentation des petites
localités isolées
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