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Sous
l’impulsion de la FAO, Rome est devenu la capitale de
l’eau, l’espace de trois jours. Des
délégués de plus de 60 pays sont
réunis, du
21 au 23 janvier, dans la ville italienne pour poursuivre les
négociations qui doivent définir une
stratégie
internationale. Objectif : apporter la touche finale
à la
préparation du 5e Forum mondial de l’eau,
événement clé dans la
stratégie de gestion
de l’eau, qui se tiendra du 16 au 22 mars à
Istanbul, en
Turquie. Le plan d’action, que les responsables
gouvernementaux
réunis à Rome tentent aujourd’hui
d’adopter,
y serait finalisé et approuvé.
Indispensable
à la vie, l’eau potable serait en danger sur notre
planète. « Elle
est aujourd’hui menacée sur plusieurs
fronts », explique
Ger Bergkamp, directeur général du Conseil
mondial de
l’eau, organisation internationale chargée
d’organiser, tous les trois ans, le Forum mondial de
l’eau
en collaboration avec un pays hôte. « Les
hommes ont besoin d’eau et ils sont pourtant, souvent, son
pire ennemi »,
ajoute le directeur général qui
s’inquiète
du changement climatique et de la pollution croissante des lacs,
rivières et nappes phréatiques. Les
scénarios
relatifs au réchauffement de la planète montrent,
selon
la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations), que
les sécheresses deviendront plus fréquentes dans
beaucoup
de régions qui connaissent déjà des
pénuries. Selon tous les experts présents du 21
au 23
janvier à Rome, l’accroissement
démographique et
l’expansion des villes exercent une pression de plus en plus
forte sur les approvisionnements en eau. Les perspectives sont
inquiétantes
Une
pression de plus en plus forte
« L’agriculture
absorbe environ 90% de la consommation d’eau douce. Elle est
de
loin le plus gros utilisateur d’eau »,
indique Alexander Müller, assistant du directeur
général de la FAO, dans le Département
environnement et gestion des ressources naturelles. Avec
l’accroissement de la population mondiale, qui devrait passer
de
quelque 6,5 milliards à plus de 9 milliards de personnes en
2050, « un
défi de taille sera lancé à
l’agriculture
mondiale : il faudra produire davantage pour nourrir une
population croissante tout en utilisant plus efficacement des
ressources en eau limitées ».
Il faut en effet compter « 2
000 à 5 000 litres d’eau pour nourrir une personne
chaque jour »,
précise Alexander Müller.
Des
problèmes se posent également dans
l’industrie, qui
monte en puissance dans les pays en voie de développement,
engendrant un besoin accru en eau et d’éventuelles
pollutions.
Augmenter la
productivité de l’eau
Pour
la FAO,
la gestion durable de l’eau est intimement liée
à
la sécurité alimentaire ».
Pour l’organisation des Nations unies, l’une des
solutions
au problème serait d’augmenter la
productivité de
l’eau. « Nous
devons modifier radicalement nos idées sur la relation entre
l’alimentation, l’eau et l’environnement
si nous
voulons nous attaquer au problème de la pénurie
d’eau et atteindre les Objectifs du Millénaire
pour le
Développement »,
commente Pasquale Steduto, chef du service de développement
et
de gestion de l’eau à la FAO et
président de
UN-Water, mécanisme interagences de l’ONU.
A l'heure où
les réserves s'épuisent, on peut se demander sil
ne
vaudrait pas mieux fixer un prix à l'eau, qui permettrait
d'en
assurer la conservation, et faciliterait le développement et
l'entretien des infrastructures, donnant ainsi un accès
à
l'eau à une grande proportion de l'humanité.
Donner un
prix à l'eau faciliterait les échanges entre pays
se
partageant des ressources communes, en vue d'une meilleure exploitation
et d'une régulation de cette source de richesse.
De nombreuses réserves viennent nuancer cette vision. Sans
un
contrôle fort, permettant de s'assurer que les
multinationales
qui se partageront le marché ne pratiquent pas des tarifs
surévalués, on risque de voir l'eau se
transformer en "or
bleu", au même titre que le pétrole est
qualifié d'
"or noir".
Les états ne seront plus chargés de la
distribution, mais
de grandes multinationales, qui auront également la charge
de
maintenir un réseau de distribution salubre. Une
tâche
essentielle, mais qui serait menacée si un de ces
géants
de l'eau venait à connaître des soucis
financiers...
Un
autre aspect du problème, un cas d'école : la mer
d'Aral
Les problèmes affectant les populations riveraines de la mer
d'Aral sont la conséquence directe du retrait de la mer et
de la
pollution des fleuves qui s'y jettent, désastres
causés
par l'homme. En s'asséchant, la mer d'Aral laisse
à ciel
ouvert 36 000 km2 de fonds marins, recouverts de sels que le vent
emporte et dépose sur des milliers d'hectares de terres
arables.
Après l'effondrement de l'URSS en 1991, les institutions
d'aide
internationale se sont précipitées dans cette
région d'Asie centrale pour évaluer l'impact
écologique de la baisse des eaux de la mer d'Aral et trouver
des
solutions. Dix ans plus tard, après d'innombrables
études
(chères !), les experts concluent que la mer d'Aral ne
pourra
pas retrouver son niveau initial …La mer d'Aral a
commencé son reflux au cours des années 60, parce
que les
planificateurs soviétiques avaient
détourné les
fleuves Amou-Daria et Syr-Daria pour irriguer le coton. De 1960
à 1990, la zone irriguée est passée de
3,5
à 7,5 millions d'hectares et la région est
devenue le
quatrième producteur mondial de coton. Mais, dans les
années 80, la mer d'Aral a reçu 10 fois moins
d'eau qu'en
1950.
La
mer d'Aral aujourd'hui
Sa salinité croissante a détruit la faune et la
flore
marines, ravageant le secteur de la pêche. La mer s'est
rétrécie, jusqu'à perdre la
moitié de sa
superficie et le tiers de son volume. En 1989, elle s'est
divisée en deux : une petite mer au nord et une grande au
sud.
Les deux principaux ports de pêche se sont
retrouvés
à sec, et les villages de pêcheurs à
100
kilomètres des côtes… Aujourd'hui,
l'eau de la
région contient quatre fois plus de sel par litre que la
limite
fixée par l'OMS. Vu les lenteurs des administrations
nationales
et internationales, vu aussi que chacun tire la couverture à
soi… sauver la mer devient donc une perspective fort
lointaine……
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